L'idée de l'opération et sa mise en place
En 1939, Arthur Nebe a l'idée de lancer une opération militaire un peu particulière. Cet officier allemand a pour idée de fabriquer des billets de banque anglais et de parachuter 30 milliards de fausses livres sterling en Grande-Bretagne dans le but de provoquer l'effondrement du système financier anglais. De 1940 à 1942, la phase 1 est lancée, appelée "opération Andreas", et Reinhard Heydrich confie la confection du papier et le décodage du code de mise en place des numéros de série anglais.
Après le succès de cette opération mais la dissolution de l'unité, c'est Heinrich Himmler qui relance le plan et c'est Bernhard Kruger qui le dirige. Grâce à l'utilisation de 26 puis 106 faussaires juifs du camp de Sachsenhausen, il identifie les 150 points de sécurité des billets britanniques de 5 livres au graphisme plutôt simple avec ce papier blanc uniface.
En moins d'un an, la production est lancée et 65 000 billets par mois sont imprimés et sont vieillis volontairement par une équipe de 50 prisonniers (chiffonnage, épinglage, écriture à l'encre au verso, etc.) pour les rendre plus crédibles.
La phase de blanchiment
Après avoir produit, il faut bien les utiliser. C'est Friedrich Schwend qui sera chargé de trouver un moyen de récupérer des vrais francs suisses ou dollars américains en trafiquant dans la région du Tyrol en échange de faux billets britanniques, avec pour but final de racheter des armes et de les donner à des groupuscules pro-Reich dans les Balkans ou ailleurs. La phase suivante devait être un largage pur et simple de milliards de livres sur l'Angleterre, mais elle n'aura jamais lieu.
Vers une extension de l'opération
En 1944, les Allemands tentent même une falsification du billet de 100 dollars, mais les premiers échantillons ne verront le jour qu'en 1945, donc trop tard. Sachant que seuls les visuels avaient été copiés, les numéros de série et le papier restaient encore une énigme. L'avancée des alliés force le déplacement des machines plusieurs fois, ce qui empêchera tout développement du projet.
Les conséquences de cette opération
Dans les faits, les conséquences restent faibles mais auraient pu être désastreuses. Si ces coupures n'ont pas pu être imprimées en nombres suffisants, elles forcent néanmoins les Britanniques à renouveler toutes leurs coupures dites "blanches" pour des billets plus sécurisés et à démonétiser rapidement ces billets qui pourraient être des faux.
Ces billets en numismatique
D'un point de vue historique, ces billets sont très intéressants comme tous les objets ayant une histoire précise, surtout que les faussaires, même si le travail effectué était presque parfait, ont laissé passer des détails qui permettent de les identifier. En termes de valeur, c'est au final à peu près équivalent. Les faux de Bernhard sont nombreux mais les billets authentiques sont rares. Donc si vous en avez, vérifiez bien les vôtres, vous possédez peut-être un billet ayant servi à des fins militaires.
Pour plus d'information sur cette opération je vous renvois ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Op%C3%A9ration_Bernhard